Après l’indépendance, comme tous les courants culturels et artistiques qui se forment autour d’un événement politique, l’art indien a lui aussi été marqué par une forte dose de conscience politique et sociale. Cela a annoncé la naissance de l’art contemporain indien et a conduit à la fondation d’une nouvelle école d’art à Bombay, appelée le “Progressive Artists Group”. Fondé par Francis Newton Souza, le groupe encourageait deux types d’art : d’un côté, les artistes peignaient des scènes audacieuses et furieuses des récents changements politiques et sociaux, tandis que l’école d’art de Bombay encourageait les peintres à revenir aux traditions et aux motifs indiens, créant ainsi des œuvres magiques et fantastiques. De là sont nés certains des plus grands noms de l’art indien contemporain : Francis Newton Souza, Maqbool Fida Husain, Gulam Muhammed Sheikh ou Sundaram, pour n’en citer que quelques-uns.
La Biennale de Venise, l’une des expositions d’art les plus prestigieuses au monde, a présenté l’art indien lors de sa dernière édition par le biais d’une exposition dédiée intitulée “iCon : Indian Contemporary”, alors même que de grandes maisons de vente aux enchères comme Sotheby’s et Christie’s rivalisent pour développer une clientèle plus importante et exploiter le vaste potentiel du pays.
En effet, au cours des deux ou trois dernières années, les volumes et les prix de l’art indien sur les marchés mondiaux ont augmenté de façon spectaculaire. Les œuvres d’artistes chevronnés comme Francis Newton Souza, Husain, Syed Haider Raza, Tyeb Mehta, Akbar Padamsee, Ram Kumar et Vasudeo Gaitonde ont atteint des niveaux impressionnants, alors même que des artistes plus jeunes comme Subodh Gupta, Jagdish Swaminathan, Bhupen Khakar et Arpita Singh rattrapent leur retard en termes de prix et de reconnaissance.
Il semble que l’art indien ait enfin trouvé la place qui lui revient dans le monde.
Les Indiens ont toujours eu une passion pour le beau : les textiles, la sculpture, l’architecture des temples, la musique, la danse et même la nourriture parlent d’eux-mêmes. L’art a toujours été défini par une période historique spécifique ainsi que par les préjugés régionaux et religieux qui l’influencent.
L’art indien ancien, sous forme de sculptures et de peintures murales, avait toujours un thème presque religieux. La représentation des dieux, des déesses et des êtres célestes était essentielle dans l’art des temples. Les grottes d’Ajanta et d’Ellora possèdent les peintures murales les plus étonnantes de cette époque, avec leur représentation de thèmes jaïns, bouddhistes et hindous.
L’arrivée des envahisseurs musulmans, en particulier, a apporté de nouvelles influences comme des motifs géométriques et floraux répétitifs, des dimensions spatiales et des récits. L’art de la miniature a également été introduit à cette époque, ce qui a conduit à l’émergence de grandes écoles comme les écoles Pahari, Kangra, Kishangarh et d’autres écoles du Rajasthan. Les paraboles religieuses, les contes populaires, la mythologie, l’érotisme ainsi que la vie des hommes et des femmes ordinaires ont commencé à s’exprimer dans cette nouvelle forme.
L’ère britannique a apporté un regard totalement nouveau sur l’art et les formes d’art. Constamment émerveillés par la diversité de l’Inde, sa faune et sa flore exotiques et ses monuments anciens exceptionnels, et désireux de capturer ces images merveilleuses pour les envoyer à leurs familles, de nombreux Européens en poste en Inde ont engagé des artistes indiens pour peindre ces merveilleux décors pour eux. Ces “cartes postales de l’Inde” utilisaient une combinaison de motifs, d’idées et de styles de peinture européens, qui n’ont pas seulement eu du succès en Europe, mais ont ouvert la voie à un nouveau style indo-européen.
Le monde s’est ainsi ouvert et de nombreux artistes indiens sont entrés en contact avec les grandes œuvres et tendances artistiques européennes. Dans le même temps, l’Est s’est également ouvert, les formes d’art orientales de la Chine et du Japon ont gagné en importance et ont donné naissance à ce que l’on appelle aujourd’hui l’art indien.